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CHAPITRE XII.

Depuis qu’il était entré dans cette chambre, il éprouvait un de ces sentiments soudains et impérieux contre lesquels sa systématique indolence ne se révoltait jamais d’ordinaire.

Nous l’avons vu se jeter littéralement à la tête d’Étienne et de Roger, dans le coupé de la diligence de Rennes.

Le charme qui l’entraînait vers les deux jeunes filles était du même genre et bien plus irrésistible.

Mais il y avait une différence essentielle : Étienne et Roger étaient des hommes, et, dans le cas présent, il s’agissait de femmes, c’est-à-dire d’êtres misérables et méritant tous les dédains ; de ces créatures qui, suivant la doctrine de Montalt, naissaient avec tous les vices ; de ces serpents gracieux et empoisonneurs, créés pour le malheur de l’homme ; de ces ennemis faibles et formidables, menteurs, traîtres, cruels, qu’un honnête homme devait, en toute circonstance, écraser et flétrir.

Le moyen de se laisser aller sans démolir tout l’édifice de son système !…

Pour comble, il se trouvait que les deux petites fées avaient deviné le silencieux combat dont sa conscience était le théâtre ! Elles souriaient au lieu de trembler. Les rôles étaient si complé-