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CHAPITRE XII.

le point de se changer en caressantes paroles.

Car le nabab était fait ainsi, et ce soir bien plus encore que d’habitude, son caprice tournait à tous vents.

Il était inquiet. Au dedans de lui, une voix répétait sans cesse : Si tu t’étais trompé !… si l’on t’aimait ! s’il y avait vingt ans de souffrances partagées !…

Et, pour l’achever, l’opium commençait d’agir, préludant à cette ivresse douce qui précède le sommeil.

Comme il finissait de parler, son regard glissa vers les deux jeunes filles qu’il supposait terrifiées.

Il était séparé d’elles par toute la largeur de la chambre.

Diane jouait, calme et souriante, avec les beaux cheveux ondés de Cyprienne.

Montalt eut un mouvement de dépit et de surprise.

Les deux sœurs semblaient ne plus faire attention à lui. Il s’arrêta et croisa ses bras sur sa poitrine.

— Mes belles, dit-il en soutenant son ton de raillerie, ne me faites vous plus la grâce de m’écouter ?

Diane se tourna aussitôt vers lui, le front libre, les yeux hardiment ouverts.