Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/173

Cette page a été validée par deux contributeurs.
169
CHAPITRE XI.

Ceux qui le connaissaient auraient deviné qu’une pensée généreuse et bonne livrait combat, au dedans de lui-même, aux théories de son scepticisme entêté ; mais le scepticisme était bien fort, et le temps avait fait pénétrer ses racines jusqu’au cœur.

Il se redressa et prit une attitude dégagée, qui cadrait vraiment à merveille avec les grâces jeunes de sa taille et de sa figure.

— Ma foi, mes belles, dit-il, j’ai honte de vous l’avouer !… Dans le principe, ce n’était pas pour moi que je désirais votre venue… Fou que j’étais ! Il faut vous avoir vues de près pour connaître toute votre valeur… Je promets bien que je ne vous céderai à personne !

Il n’y a point de complète ignorance. Diane devint pâle, tandis qu’une épaisse rougeur tombait du front de Cyprienne jusqu’à ses blanches épaules.

La ressemblance des deux sœurs disparaissait en ce moment où la même émotion exagérait les caractères différents de leur beauté.

Cyprienne n’était qu’une pauvre enfant, effarouchée et surprise ; Diane avait la fierté assurée d’une reine.

— Nous ne savons rien…, dit-elle d’une voix lente et basse ; à peine pourrions-nous dire ce qui nous blesse dans vos paroles, monsieur…