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CHAPITRE X.

plaçant ses deux mains devant ses yeux éblouis c’est le jardin de notre rêve !… Nous sommes dans le palais des fées !

De la fenêtre, en effet, le jardin présentait un aspect magique. Derrière la girandole, dont les cristaux mouvants masquaient en quelque sorte la croisée, une double ligne de feux dessinait les rampes d’un cavalier, planté d’arbustes et de fleurs. Cette partie du jardin, correspondant à l’aile gauche de l’hôtel, était déserte, mais le regard en se portant à droite découvrait à travers les feuilles clair-semées d’un rideau de tilleuls l’illumination des parterres et des pièces de gazon, où déjà commençait le bal. Les jets d’eau reflétaient en gerbes colorées l’éclat des mille lumières courant le long des charmilles et marquant le dessin élégant des arcades de verdure ; partout où l’œil pouvait percer, ce n’étaient que feux étincelants et guirlandes de fleurs.

Diane et Cyprienne s’accoudaient toutes deux au balcon de la fenêtre, et ouvraient de grands yeux charmés.

Leur esprit était ébloui plus encore que leurs yeux. Les émanations tièdes et odorantes, qui montaient du jardin jusqu’à elles, les retenaient dans une sorte d’ivresse.

Elles n’avaient rien vu jamais, même dans