Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.
149
CHAPITRE X.

hors, elles frissonnaient de la tête aux pieds, laissant échapper couteaux et fourchettes.

Mais personne ne venait. Elles s’enfoncèrent plus avant dans leurs fauteuils douillets. Leur verre se vida deux ou trois fois. On ne peut dire que leur frayeur se calma, mais du moins fut-elle un peu oubliée.

Les yeux de Cyprienne commencèrent à briller ; son sourire s’épanouit plus franchement. Le front soucieux de Diane elle-même perdait peu à peu ses nuages.

C’étaient deux enfants, et les luttes récentes où les avait jetées leur enthousiaste dévouement leur avaient appris la témérité.

Elles étaient femmes par leur sensibilité profonde et aussi par la pudeur ; mais, pour tout le reste, vous les eussiez trouvées hardies plus que des pages.

Elles avaient si souvent gardé leur gaieté vive en bravant le danger de mort !

Ici le danger était autre, et les effrayait d’autant plus que leur ignorance ne savait point le définir ; mais cette ignorance même laissait à leur esprit romanesque le loisir d’imaginer des choses impossibles et de se bâtir une foule de beaux espoirs.

Et puis le péril s’éloignait, ouvrant le champ libre à leur audace un peu fanfaronne.