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LES BELLES-DE-NUIT.

la nature du danger et l’étendue du sacrifice…

La paupière de Cyprienne s’ouvrit une seconde fois, et ses narines s’enflèrent pour saisir toutes les effluves aromatiques que lui envoyait la table servie.

— Diane !… dit-elle tout bas.

Et comme sa sœur ne répondait point, elle lui secoua le bras doucement.

— Vois donc !… reprit-elle, il n’y a personne…

Les longs cils bruns de Diane se relevèrent, et son regard triste fit le tour de la chambre.

Sa poitrine oppressée rendit un soupir.

— Personne, répéta-t-elle ; mais on va venir…

Cyprienne traversa la chambre sur la pointe des pieds, et comme si elle eût craint de réveiller Barbe-Bleue endormi.

Il y avait sur la table des petits pains tendres, dorés, appétissants. La pauvre fille avança la main, la retira, puis l’avança encore. Était-ce du poison ?

Elle prit un petit pain et l’approcha de ses lèvres, qui étaient toutes pâles. Elle n’osait guère.

Mais qu’ils semblaient bons, ces petits pains ! Comme ils cédaient, en craquant, sous les doigts de Cyprienne, qui n’avait pas mangé depuis deux jours !…

Sa bouche s’ouvrit ; ses dents blanches et fines