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LES BELLES-DE-NUIT.

cette funeste histoire ?… Je vais donc vous la dire, moi… Tous ceux que vous avez connus autrefois au manoir… le maître, Madame, que vous aimiez tant, M. Roger de Launoy ! le pauvre oncle Jean…

— Eh bien ?… dit Étienne avec une nerveuse impatience.

— On les a chassés !… Ils se meurent de misère et de faim, eux qui étaient si charitables !…

Roger, malgré son parti pris de ne rien croire, ne put retenir une exclamation d’étonnement.

Étienne ne raisonnait plus. Que ce fût ou non une scène préparée par le nabab, ses souvenirs, violemment évoqués, envahissaient son cœur. Il croyait.

— Tout ce que nous avons est à eux !… s’écria-t-il ; où les trouver ?

D’un mouvement involontaire, il avait saisi la main de l’inconnue, qui était froide.

La ceinture verte n’avait point parlé encore. Ce fut elle qui répondit. Sa voix sèche et irritée semblait aller à l’adresse de Roger.

— On n’a pas besoin de vous…, dit-elle. Ceux qui n’ont point abandonné Madame et son mari à l’heure de la détresse se chargeront de les secourir…

— Ce n’est pas tout encore…, reprit l’autre