Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 4, 1850.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.
104
LES BELLES-DE-NUIT.

pour se dégager, mais nous savons déjà, par l’exemple de nos deux pauvres gentilshommes, que la ceinture rouge et la ceinture verte ne lâchaient pas facilement prise.

Elles restèrent muettes et obstinément accrochées au bras du peintre ordinaire et du secrétaire de milord.

— Allons ! dit mademoiselle Hortense, vous êtes un mauvais sujet, M. Étienne !

— Ah ! Roger ! Roger ! soupira Delphine déjà plus familière. J’ai beau vouloir être gaie, cela me fait bien du mal !

Les deux pauvres jeunes gens, innocents au premier degré, se confondaient en protestations, et juraient à l’envi qu’ils n’avaient pas de maîtresse.

Ce serment, qui tombait à la fois des lèvres d’Étienne et de Roger, sembla délier la langue des deux inconnues.

— Et Cyprienne ?… murmura la ceinture verte à l’oreille du secrétaire.

— Et Diane ?… dit la ceinture rouge au peintre.

L’obscurité, qui régnait sous les arbres, cacha la pâleur subite des deux jeunes gens. Mais Hortense et Delphine n’en ressentirent pas moins le contre-coup de ces paroles, car Étienne et Roger tressaillirent brusquement.