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CHAPITRE VIII.

peut-être, l’œil de Montalt avait perdu cette flamme vive et se tournait, distrait, vers le bal…

Oh ! certes, il voyait seulement ce que Robert voulait bien lui montrer, et il ne fallait pas se plaindre de son attention trop curieuse, car c’est à peine s’il daignait écouter maintenant…

Robert poursuivait, racontant, comme un poëte guerrier eût chanté lui-même ses propres exploits, les ténébreuses machinations qui avaient occupé les premiers temps de son séjour à Penhoël.

Il montrait avec complaisance les progrès de ce poison moral versé goutte à goutte au malheureux René : Lola, le jeu, l’ivresse, la jalousie enfin, cette massue qui avait achevé l’œuvre du poison.

À mesure que l’histoire avançait, ce que nous avons essayé de peindre tout à l’heure devenait plus saisissable. Il y avait deux hommes en Montalt : l’un dont le cœur et l’esprit sommeillaient à la fois, l’autre qui suivait avec une attention concentrée chaque phase du récit de Robert.

Cet homme-là se cachait derrière l’autre, et au premier aspect, vous n’eussiez vu que nonchalance et lassitude sur la belle figure du