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LES BELLES-DE-NUIT.

de sa veste de paysan, sortit armée d’un pistolet de taille recommandable.

— Causons comme des amis, reprit-il, et ne nous emportons pas avant de savoir… Je gagne ma vie, que diable !… Si vous aviez été les plus forts, soyez certains que j’aurais travaillé pour vous… car je n’ai pas de rancune, moi… et je ne me souviens déjà plus des grands airs malhonnêtes que vous avez pris avec moi pendant trois ans. Voici donc une chose entendue… Il ne faut plus compter sur vos contre-lettres.

— Nous avons d’autres moyens…, dit Robert. Et si Pontalès nous pousse à bout !…

— Mes amours, vous serez doux comme des agneaux !… C’est moi qui vous en réponds !… Je vous dis que ce vieux Pontalès est un lapin de première force !… Et un brave homme… car il vous propose une indemnité, lui qui pourrait vous renvoyer tout bonnement comme des vagabonds.

— Quelle indemnité ?… demanda Blaise.

— Une dizaine de jolis billets de mille francs à partager entre vous.

— Juste la moitié d’une année de notre revenu !… se récrièrent à la fois les deux amis ; c’est de la démence.

— Acceptez-vous ?

— Jamais !… dit Robert.