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LES BELLES-DE-NUIT.

— Allez-vous-en…, lui dit René, et qu’on serve le souper ici dans une heure.

La porte se referma. Penhoël était seul avec sa femme. Il se versa un plein verre et prit place auprès d’elle.

— Vous êtes pâle, madame, commença-t-il ; je crois que vous avez peur… Vous savez donc ce que j’ai à vous dire ?…

— Au nom du ciel, monsieur, murmura Marthe, qu’est devenue ma fille ?…

Penhoël la regardait en face, et ses yeux avaient une expression effrayante.

Une idée fixe lui restait dans son ivresse, une pensée de colère et de châtiment cruel.

— Votre fille !… répéta-t-il, que m’importe cette enfant ?…

— N’est-elle pas à vous, René ?… voulut dire Marthe.

— Silence !… Je suis le maître pour une heure encore… J’ai le temps de vous juger et de vous punir !…

Marthe releva sur lui son regard étonné. Penhoël poursuivit en essayant de railler :

— Votre fille ?… Nous vous dirons ce qu’est devenue votre fille, madame !…

Et il ajouta d’un accent plus amer :

— L’enfant qu’on appelle l’Ange de Penhoël… la honte… le déshonneur de toute une race !…