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LES BELLES-DE-NUIT.

— Qu’a-t-il dit ?… demanda-t-il.

— Allumez une autre résine, François Géraud…, répéta le pauvre passeur. Faites du feu dans la cheminée et trouvez des siéges, afin que nos maîtres soient reçus comme il convient.

— Qu’a-t-il dit ?… demanda encore Penhoël.

— J’ai dit que le manoir avait changé de maître, répliqua Benoît Haligan dont la voix s’adoucit, et je donnerais tout ce qui me reste, sauf l’espoir du salut éternel, pour m’être trompé. J’ai dit que René de Penhoël allait avoir besoin de ceux qui ont mangé le pain de son père…

— Est-ce vrai ?… est-ce vrai ?… balbutia l’aubergiste ; ont-ils eu le cœur de vous chasser, vous, Penhoël… et M. Jean… et Madame ?…

— C’est vrai…, dit René.

— Et nous avons compté sur vous, ami Géraud…, ajouta l’oncle Jean.

L’aubergiste secoua la tête.

— J’ai fait ce que j’ai pu, dit-il, comme se parlant à lui-même ; maintenant je n’ai plus rien.

— Pas même un asile à donner au fils de ton maître ?… demanda l’oncle Jean dont la voix prit un accent d’amertume.

— Pas même un asile à donner au fils de mon maître…, répliqua l’aubergiste ; ce matin les