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LES BELLES-DE-NUIT.

La lumière de la lampe tombait d’aplomb sur le front du vieillard, couronné par ses cheveux aussi blancs que la neige. Son regard était triste, mais ferme. Au bruit des deux épées qui se choquaient, un fugitif éclair s’était allumé dans sa prunelle.

On voyait à cette heure que Jean de Penhoël, le paisible et bon vieillard, avait dû porter fièrement autrefois le nom de ses pères…

Un instant René demeura muet à le contempler.

— Allez-vous-en ! dit-il enfin, et ne me tentez pas !… car, si je n’étais pas à l’heure de ma mort, j’aurais avec vous aussi un compte à régler, mon oncle !…

Le vieillard garda le silence.

— Allez-vous-en !… répéta René dont les doigts se crispaient autour de la poignée de son arme.

L’oncle Jean ne répondit point encore.

Ses grands yeux bleus se fixaient, calmes et résignés, sur la figure décomposée de son neveu.

L’écume venait aux lèvres du maître de Penhoël.

— Allez-vous-en !… répéta-t-il pour la troisième fois ; vous savez bien que cette femme est coupable… et qu’un fils de Penhoël n’a qu’une manière de se faire justice…