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CHAPITRE XVII.

sommeil il pleura sur sa couche brûlante. Le lendemain, avant le jour, il entra doucement dans la chambre de son père et de sa mère et les baisa endormis tous les deux…

Il ne devait plus les revoir en cette vie.

Il quitta le manoir, sans dire adieu à Marthe, après avoir pressé son frère contre son cœur.

Louis de Penhoël avait vingt et un ans quand il fit cela. Ce fut après une nuit de fièvre et en un moment où son amitié pour René s’exaltait jusqu’à l’enthousiasme.

En froide morale, Louis de Penhoël, malgré l’héroïsme de son dernier dévouement, commettait une faute grave, car il n’avait plus le droit d’abandonner Marthe, qui était à lui.

Mais il avait vu René tout pâle et les larmes aux yeux ; René lui avait dit : « J’en mourrai ! » Il avait suivi l’élan de son cœur généreux et il avait trouvé dans le premier moment une sorte de jouissance douloureuse au fond de ce suprême sacrifice.

Quant à Marthe, c’était une enfant de seize ans. Le lien qui la rattachait à lui eût été sérieux et même indissoluble à tout autre point de vue. Mais ce lien résultait d’une aventure bizarre et devait être un mystère, dans la pensée de Louis, pour la jeune fille elle-même…

En ceci Louis se trompait.