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CHAPITRE III.

— Je te porterai…, dit Diane qui l’attira sur son cœur. Oh ! c’est de te voir souffrir ainsi qui me tue !… Écoute… c’est notre dernier jour de misère…

Cyprienne dégagea sa tête et regarda la Seine qui coulait derrière elle.

— Oui…, murmura-t-elle ; tu as raison… ce pourrait être notre dernier jour de misère !

Diane couvrit son front de baisers en pleurant.

— Ma sœur !… ma petite sœur !… dit-elle ; je t’en prie, ne parle pas comme cela !… Dieu aura pitié de nous, j’en suis sûre… Je te le promets… Et laisse-moi te dire ce que je veux faire demain… jusqu’à présent je n’ai pas eu la force… mais je ne veux pas que tu meures, ma Cyprienne… Et demain je l’oserais !

— Quoi donc ?… demanda Cyprienne.

— Tu sais bien qu’ils passent tous les jours aux Champs-Élysées, dans leur voiture… Étienne et Roger… Quand nous sommes sous les arbres, ils ne nous voient pas… mais demain j’irai me mettre au-devant de leurs chevaux… je les appellerai par leurs noms… et il faudra bien qu’ils nous reconnaissent !

Cyprienne releva la tête.

— J’irai avec toi !… dit-elle ; quand nous serons là toutes les deux, nous verrons si notre