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CHAPITRE II.

contre-poids doit représenter, au début de la partie, la somme formée par ma mise n et la mise du levier n”.

— Pourquoi cela ? demanda Blaise.

— Pour une cause bien simple… Au moment où la partie s’engage, mon levier et moi nous jouons les mêmes chances… Il faut donc que le contre-poids, comme son nom l’indique…

— Parbleu !… fit le baron Bibander, ça va de soi-même… L’Endormeur est bouché comme un cigare de la régie !

— Mais pourquoi l’Américain et son levier jouent-ils les mêmes chances ?… demanda encore Blaise.

— Cette question me fait plaisir, mon garçon, répliqua Robert : elle prouve que tu commences à voir plus clair… Mon levier et moi nous allons ensemble parce que le principal danger pour l’inventeur d’une martingale est de se voir deviner par la banque… Toute série de paroli est redoutable pour l’administration… Et en définitive, sans les manœuvres qu’on emploie pour déjouer des calculs qui n’ont rien de condamnables, nous verrions la banque sauter trois ou quatre fois tous les soirs ; mais voici qui arrive… Dès qu’un homme se présente avec l’intention de martingaler, son jeu est percé à jour à l’instant même… si c’est un maladroit,