que le maître de Penhoël eut un instant de doute. Le sang lui monta violemment au visage à l’idée d’avoir mis lui-même sous les yeux de Marthe ce message qui devait réveiller tant de souvenirs ; mais ce fut l’affaire d’une seconde. Il était prévenu.
— Fou que je suis !… s’écria-t-il avec son rire moqueur ; je me vois toujours sur le point de vous croire… J’oublie toujours que vous êtes simple et pure à peu près comme il est généreux et dévoué !…
— Je vous affirme sur l’honneur…, commença Marthe.
— Sur l’honneur !… répéta Penhoël d’un ton rude et insultant ; je vous dis que je sais tout, madame !… ne prenez plus la peine de feindre… Cette lettre était dans mon secrétaire ; elle disparut il y a environ dix-huit mois… C’est vous qui me l’aviez volée…
— Au nom du ciel, croyez-moi, René !…
— À quoi bon mentir ?… L’homme qui m’a remis ce soir le portefeuille l’avait pris dans votre chambre… où il avait sans doute ses entrées…
— Oh !… fit Marthe qui n’avait pas prévu cet excès d’outrage.
Penhoël eut un sourire parce que l’insulte avait porté au cœur. Rien de cruel comme le