Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 3, 1850.djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.
192
LES BELLES-DE-NUIT.

l’avaient refait si bellement, qu’à la rigueur son embonpoint nouveau aurait pu seul lui servir de masque.

Son teint, naguère si jaune, fleurissait maintenant ; ses joues décharnées s’étaient arrondies. Il commençait même à prendre du ventre.

— Ah çà !… dit Blaise en passant l’ongle sur la tranche de son jeu de cartes, est-ce que tu n’as pas bientôt fini de mettre ton corset, M. le baron ?

— C’est étonnant comme j’engraisse !… répliqua Bibandier en se souriant à lui-même dans le miroir ; mais j’avais dit à ce coquin de coiffeur de venir mettre des papillotes à ma barbe… vous verrez que le drôle me fera faux bond !

— Américain !… dit Blaise.

Robert leva la tête en sursaut.

— Regarde donc un peu M. le baron… est-ce que tu ne le trouves pas plus laid encore qu’autrefois ?

— Beaucoup plus laid, répliqua Robert qui se renfonça aussitôt dans son algèbre.

Bibandier fit une pirouette et haussa les épaules.

— Mes petits, murmura-t-il, on vous laisse dire… vous êtes jaloux, ça se voit.

Il continua de se sangler à tour de bras et de