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CHAPITRE PREMIER.

qui tranche toujours avec les physionomies des peuples voisins.

À l’époque où se passe notre histoire, les visages parisiens étaient rasés soigneusement. À peine voyait-on quelques petits favoris dessiner un étroit demi-cercle et joindre l’oreille aux ailes du nez, qui surmontait une lèvre dépourvue de toute espèce de moustache. Les cheveux courts se frisaient à la Titus. Donc, pour se donner un air d’étranger, il suffisait de porter les cheveux longs et la barbe entière.

Les cheveux de nos trois gentilshommes tombaient sur leurs épaules, et leurs barbes eussent fait envie au Juif errant.

En leur qualité de fils de la Péninsule, le comte et le chevalier étaient bruns comme des corbeaux ; le baron Bibander, en revanche, avait une de ces longues perruques germaniques qui ressemblent à des quenouilles chargées de filasse.

C’étaient, en vérité, des personnages assez remarquables pour mériter une description détaillée ; mais nous avons un moyen d’abréger en disant tout de suite au lecteur que le chevalier de las Matas, le comte de Manteïra et le baron de Bibander étaient tout bonnement ses anciennes connaissances Robert dit l’Américain, Blaise surnommé l’Endormeur, et Bibandier, l’ancien chef des uhlans de Bretagne.