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LES BELLES-DE-NUIT.

l’envers !… C’est moi qui les ai regardées… et c’est vous, mes amis, qu’elles choisissent !

— Nous ?… dirent en même temps les deux jeunes gens.

— Elles se seront procuré vos noms, poursuivit le nabab, auprès du conducteur à Laval ou à Alençon… Ce qui est certain, c’est que vos noms sont sur les adresses…

L’un des billets portait, en effet : À M. Étienne Moreau. L’autre : À M. Roger de Launoy.

On en fit l’ouverture. Ils étaient tous deux pareils et contenaient ces seuls mots :

« Ce soir, à huit heures, devant l’église Notre-Dame. »

Les billets portaient la même signature, tracée par deux mains différentes ; on lisait au bas de chacun d’eux : « Belle-de-nuit. »

Si Étienne et Roger avaient quitté un jour plus tard le manoir de Penhoël, ce mot : belle-de-nuit aurait fait sur eux une impression bien pénible. Tout de suite leur mémoire eût évoqué la légende douce et triste que Cyprienne et Diane chantaient si souvent naguère ; ils eussent songé aux deux pauvres filles mortes…

Mais ils ne savaient rien. Quand ils avaient vu pour la dernière fois Diane et Cyprienne,