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LES BELLES-DE-NUIT.

vie une jeune fille à l’âme angélique et sainte… Tant pis pour vous si Dieu vous a refusé la joie d’aimer !… Votre malheur ne vous donne point le droit de calomnier ce que vous ne connaissez pas… Elle est pure, entendez-vous ?… Elle est noble ! et c’est à genoux que je l’aime !

La joue du jeune peintre s’était colorée vivement ; ses yeux brillaient ; l’émotion faisait trembler sa voix.

En l’écoutant, Montalt s’était pris à rêver.

— Toujours la même histoire ! murmura-t-il ; et ce sont les plus belles âmes que Dieu choisit pour les frapper de cette folie !… Écoutez !… reprit-il en s’adressant à Étienne ; mon amitié peut être plus forte que mes aversions… Qui sait si vous n’allez pas me convertir, mon jeune camarade ?… Voulez-vous me parler d’elle et me confier le roman de vos amours ?…

— À vous ?… se récria Étienne.

— À moi qui suis déjà votre ami…, répliqua l’Anglais avec prière, à moi qui l’aimerai si elle vous aime…

Il avait mis dans ces derniers mots cette éloquence persuasive et vraie qu’il semblait prendre tout au fond de son cœur.

Étienne résista faiblement, puis il parla. C’est un bonheur si grand que de confier certains secrets, ne fût-ce qu’à demi. À l’âge qu’avait