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CHAPITRE II.

incomparable à contempler les tristes coursiers qu’on attelait à la voiture.

L’Anglais s’agita dans son coin. Il tira de sa poche un étui mignon, en nacre de Chine, et l’ouvrit.

— Monsieur…, dit-il encore ; voulez-vous me permettre de vous offrir un cigare ?

— Je ne fume pas…, répliqua Étienne sans se retourner.

— Et l’odeur du tabac vous incommode peut-être ?

— Beaucoup… mais je n’ai pas le droit de vous gêner… milord, vous êtes chez vous.

L’Anglais referma son étui à cigares, et le remit tristement dans sa poche.

Étienne, qui s’était retourné à demi, suivait ses mouvements du coin de l’œil.

L’Anglais s’était croisé les bras sur sa poitrine d’un air de bonne humeur.

— Monsieur, poursuivit-il en se rapprochant du jeune peintre, je vous sacrifie là une habitude de vingt ans… À tout le moins, causons pour faire quelque chose.

— Ma foi, milord, répliqua Étienne d’un ton piqué, je trouve que nous avons causé suffisamment tout à l’heure.

— Allons donc !… s’écria l’Anglais ; vous me gardez rancune… Faut-il vous demander pardon ?