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LES BELLES-DE-NUIT.

tour d’elle un aide ou un refuge, elle ne voyait que portes closes et hauts lambris où pendaient dans leurs cadres antiques les portraits des seigneurs de Penhoël.

La lumière de la lampe, trop faible, ne permettait point de distinguer leurs traits austères ; mais Marthe voyait briller çà et là, sous les cadres, les gardes d’or des vieilles épées. Car tous les Penhoël avaient servi le roi, et chacun d’eux gardait, sous son image, ses armes de bataille.

Ce n’était pas la mort que redoutait Marthe. Elle pensait, sans trop d’effroi, que peut-être une de ces armes, entre les mains de René furieux, allait punir son crime imaginaire.

Cette pensée ne l’occupait point. Parmi tous ces portraits, perdus à demi dans l’ombre, il y en avait un sur lequel tombaient d’aplomb les rayons de la lampe.

C’était un tout jeune homme, à la figure heureuse et fière, et dont le regard semblait fixé sur Marthe, en ce moment, avec amour.

Ce portrait, placé à côté du sévère visage du commandant de Penhoël, était le dernier de tous.

Il représentait les traits de l’aîné de la famille, ce Louis dont le nom s’est trouvé si souvent dans ces pages.

Quand les yeux de Marthe tombaient sur ce noble et beau visage, ils ne pouvaient plus s’en