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CHAPITRE PREMIER.

Les mendiants et les désœuvrés qui l’avaient vu arriver, la veille au soir, affirmaient qu’il était bel homme et militaire, pour sûr.

Il était descendu à l’hôtel de France, dont les portes donnent sur la cour même des messageries. Là, il avait trouvé deux grands nègres et une dame avec ses servantes. Toutes ces personnes, qui semblaient faire partie de sa maison, étaient arrivées à Rennes en même temps que lui, mais dans deux chaises de poste surchargées de bagages.

Pourquoi voyageait-il seul dans le cabriolet, tandis que la dame était en chaise de poste ? Pourquoi surtout les deux grands nègres s’étalaient-ils dans une commode berline, tandis que leur maître présumé allait en diligence ?

Les Anglais !… les Anglais, cela fait de si drôles de corps !…

Et les anecdotes de rouler ! L’un avait connu un Goddam qui mangeait son potage au dessert ; l’autre avait fréquenté un gentleman qui ne voyageait jamais qu’avec son cheval, seulement ce gentleman tenait toujours son cheval par la bride, et autres raretés de la même force.

Plus on parlait des drôleries britanniques, plus les regards se fixaient, curieux, sur la porte de l’hôtel de France, par où l’Anglais devait passer pour entrer dans la cour des messageries.