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CHAPITRE PREMIER.

taurées cette jolie petite revue, qui porte aux points les plus reculés de notre France la renommée de la pâte Regnault et les épiques dissensions des dents osanores.

Il était environ huit heures du matin. Dans la cour de l’hôtel des messageries, à Rennes, on faisait beaucoup de bruit et l’on se donnait beaucoup de mal. C’était le départ pour Paris. Au milieu de la cour, stationnait une voiture jaune, étroite par la base, large par le haut, et dont la construction semblait calculée pour obtenir le plus d’accidents possibles. Autour de cette voiture, à laquelle s’attelaient déjà trois chevaux, réformés pour diverses maladies, un monde de facteurs, de voyageurs et de mendiants se pressait.

Il y avait là cette famille qui occupe l’intérieur des diligences depuis le commencement des temps : le père avec son bonnet de soie noire et le grand sac de nuit ; la mère qui porte le panier aux provisions, bourré de veau froid, et dont le couvercle trop petit laisse passer le goulot des bouteilles ; les deux demoiselles qui se sont coiffées de chapeaux antiques pour mettre ceux du dimanche dans la malle ; et la bonne revêche, avec les trois petits enfants, payant demi-place, dont le roulement de la voiture va bientôt déranger les jeunes estomacs…