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ceux que nous aimons ?… Qu’il parte, dût-il m’oublier !… Si Dieu exauce mes prières, il sera bien heureux…

Tandis qu’elle parlait, sa belle tête intelligente et pensive s’inclinait sur sa poitrine. Il y avait dans sa voix un accent de tristesse profonde. Elle sentait aujourd’hui, pour la première fois peut-être, qu’à son insu son cœur s’était donné tout entier.

Cyprienne faisait un retour sur elle-même, et songeait en frémissant que Roger pourrait partir aussi à son tour.

Elle cherchait en vain quelque bonne parole d’espérance et de consolation. Ce fut Diane qui rompit le silence. Sa voix était changée. Une fermeté grave remplaçait la mélancolie de tout à l’heure.

— Nous ne sommes pas ici pour nous occuper de nous-mêmes, dit-elle. Étienne est jeune et fort… l’avenir s’ouvre devant lui : que Dieu l’assiste !… Auprès de nous, il y a des faibles à protéger et à défendre… Songeons à Penhoël, ma sœur, et hâtons-nous… car quelque chose me dit que l’heure mortelle approche…

Cyprienne serra la main de sa sœur contre son sein.

— Tu l’aimes, pourtant !… murmura-t-elle, je t’en prie, cherchons un moyen de le retenir !…