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ardent baiser qui les avait réunies sur le sein palpitant de Marthe, quel froid sourire et quels mots glacés ! Bien qu’elles fussent habituées à l’indifférence, il leur semblait qu’on les avait congédiées, cette fois, avec plus de dédain encore qu’à l’ordinaire.

Que croire ? Cyprienne avait beau mettre son esprit à la torture, elle cherchait en vain. Diane elle-même perdait l’effort de son esprit clairvoyant et subtil à vouloir soulever le voile.

Parfois, elle croyait entrevoir le mot de l’énigme ; mais c’était une chose si invraisemblable, si impossible !…

Diane repoussait la supposition accueillie ; elle retombait au plus profond de ses doutes, et se retrouvait en face du problème insoluble.

Que croire ? Rien, hélas ! sinon que Madame, outre les douleurs qu’elles avaient déjà devinées, avait une autre torture plus mystérieuse encore, et qu’il ne fallait point espérer de guérir !…

Elles allaient la tête penchée ; leurs mains s’étaient unies à leur insu, et bien qu’elles ne se parlassent point, leurs pensées se répondaient.

Au moment où elles arrivaient sous la partie des anciennes fortifications qui servait maintenant de terrasse aux jardins du manoir, elles