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Elles marchaient lentement, perdues qu’elles étaient dans leurs réflexions. Aucune d’elles n’avait rompu encore le silence.

Elles songeaient à ce qui venait de se passer dans la chambre de l’Ange. Bien des fois déjà, elles avaient surpris la douleur de Marthe de Penhoël ; mais qu’il y avait loin de ce qu’elles avaient vu jusqu’alors à ce qu’elles venaient d’entendre et de voir ! Qu’il y avait loin des larmes de Madame, silencieuses et résignées, à ce transport subit, à ces paroles fiévreuses, à ce délire !

Et ces paroles entendues, que signifiaient-elles ?…

Qu’y avait-il au fond de ce mystérieux désespoir, dont l’objet apparent n’était plus ni le danger de Blanche, ni la ruine prochaine de Penhoël ?…

Un instant, elles avaient pu croire que cette angoisse fougueuse se rapportait à elles, Diane et Cyprienne. N’était-ce pas en les pressant contre son cœur avec ivresse que Marthe avait prononcé ces bizarres paroles ?

Les pauvres enfants, qui mendiaient chaque jour à genoux quelque distraite caresse, avaient pu se croire un instant adorées à l’égal de Blanche elle-même !

Mais ce n’avait été qu’un instant. Après cet