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— Et sur quoi se fondent tous ces bruits, ma fille ?

— Au salon, personne ne le dit, repartit Diane ; dans les fermes, on répète que le jour où les étrangers sont entrés au manoir fut un jour de malédiction et de malheur !…

— Ce qui se passe ici est-il donc déjà la fable du pays ? murmura Marthe, tandis que la honte mettait un fugitif incarnat à sa joue.

— Nous sommes vos nièces, madame, répondit la jeune fille ; chacun nous parle avec respect à cause de vous… On se borne à nous dire que cet homme et cette femme sont la cause de tout le mal… C’est elle qui entraîne le maître à sa ruine… C’est lui qui a ramené au manoir l’ennemi mortel de nos pères… Pontalès, dont le fils parle déjà comme s’il était possesseur des biens de Penhoël.

Diane s’arrêta. Madame sembla hésiter et faire sur elle-même un effort pénible.

— Et le nom de cet homme, dit-elle en baissant les yeux, n’est-il jamais prononcé, que vous sachiez, en même temps que mon nom ?…

— Au salon, peut-être… Chez les anciens vassaux de Penhoël, qui donc oserait joindre le nom d’un homme détesté comme un démon au nom de la femme que tous vénèrent à l’égal d’une sainte ?