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— Et puis tant de charges ! reprit la chevalière de Kerbichel ; c’est la maison du bon Dieu que ce manoir !… On y mange et on y boit toute la journée… Je vous demande un peu si ce n’est pas de la folie que de nourrir à rien faire ce grand garçon de Roger de Launoy ?

— Et ce barbouilleur qui est venu de Paris pour mettre du rouge et du bleu sur les murailles ? dit la Romance.

— Permettez, chère sœur, interrompit le frère Numa qui était méchant, lui aussi, quand il pouvait ; ces deux messieurs ne sont pas si complétement inutiles que vous voulez bien le dire.

— À quoi servent-ils, s’il vous plaît ?

— À quoi ?… Je n’en sais rien… mais si vous me demandiez à qui…

— Ah ! ah ! s’écrièrent à la fois Églantine, Héloïse et Amarante, enchantées de l’esprit de leur frère ; voilà qui est adorable !

Et comme une partie du cercle ne comprenait point, la Romance ajouta en baissant pudiquement ses paupières jaunes et dépouillées :

— Mon frère veut dire qu’ils servent aux deux petites filles de l’oncle Jean…

Tonnerre d’applaudissements des vicomtes ; gros rires de l’assemblée en chœur. Le mot valait bien cela.