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quand il s’agit d’épouser, comme s’il était question de se donner une jument ou douze chèvres ?

Or Cyprienne et Diane ne possédaient pas un pouce de terre au soleil. Elles n’étaient point le fait des jeunes messieurs de Glénac, de Bains ou de Carentoir, qui pouvaient décemment demander mieux…

Dans tout ce que nous venons de dire, nous avons toujours parlé d’elles collectivement ; cependant, il y avait entre elles de grandes différences. Elles se ressemblaient bien cœur pour cœur ; mais leur visage et leur esprit n’étaient point pareils.

Diane était plus grande que sa sœur, plus sérieuse et peut-être plus belle. Ses beaux cheveux, d’un châtain foncé, se bouclaient autour d’un front fier et pensif, qui prenait un rayonnement de grâce irrésistible au moindre sourire. Ses grands yeux bruns, que la gaieté faisait si doux, rêvaient souvent et perdaient dans le vide leur regard voilé. Il y avait dans ses traits, parmi les indices d’une simplicité presque enfantine, une intelligence vive et forte, et surtout une volonté virile.

Cyprienne réfléchissait moins, et riait davantage. Elle avait de ces yeux, d’un bleu obscur, qui pétillent et réjouissent la vue. Sa physiono-