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elles pris cette grâce noble et aisée, ce charme indicible qui se respire comme un parfum et qu’on ne peut point définir, ces manières, pour emprunter encore une fois le langage des trois demoiselles Baboin ? On ne savait.

Il fallait fermer les yeux ou avouer qu’elles étaient adorables, et que jamais jeunes filles n’avaient possédé plus de franches séductions, plus d’entraînements chastes, plus de brillant, plus de piquant, plus de naïfs pouvoirs d’ensorceler les cœurs.

Et cependant, il n’y avait point foule de soupirants autour d’elles. Roger aimait Cyprienne ; Étienne aimait Diane : c’était tout. Les autres jeunes gens de la contrée étaient de braves gaillards qui voulaient épouser quelques sous, pour vivre et vieillir, en honnêtes crustacés, dans les gros souliers de leurs aïeux. Nulle part, en ce monde, fût-ce dans la Chaussée-d’Antin ou dans le quartier de la Banque, fût-ce même dans ces ruelles du vieux Paris où moisit l’usure crochue, on ne compte si bien qu’aux champs.

Le spectacle de la belle nature élève l’âme et détourne des mariages d’amour. Chloé avait des rentes ; Estelle était une héritière. Sans cela, Némorin ni Daphnis ne leur eussent point fait la cour. C’est la civilisation qui a trouvé le roman. Les sauvages ne marchandent-ils pas,