Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.

hors ; mais, tandis qu’elles s’avançaient sur la pointe des pieds, elles avaient entendu la respiration pénible et oppressée de Madame.

Elles s’étaient arrêtées auprès du fauteuil où Marthe de Penhoël s’était laissée choir, après avoir déposé Blanche endormie sur son lit. Marthe se croyait seule et ne retenait point les paroles désolées qui tombaient de sa bouche parmi ses sanglots.

Cyprienne et Diane avaient leurs yeux pleins de larmes. Elles écoutaient, navrées, n’osant ni se retirer, ni arracher Madame à sa rêverie douloureuse.

Elles s’étaient mises à genoux, et ce fut seulement lorsque Madame se découvrit le visage qu’elles annoncèrent leur présence en mettant leurs lèvres sur ses mains pâles et froides.

Le premier mouvement de Marthe de Penhoël fut tout entier à l’effroi.

Elle tressaillit, et poussa un cri étouffé.

— Y a-t-il longtemps que vous êtes ici ?… murmura-t-elle ; ai-je parlé ?…

Les deux filles de l’oncle Jean serraient ses mains contre leur cœur.

— Dieu nous garde de surprendre vos secrets, madame ! répondit Diane d’une voix douce et triste ; nous avons entendu seulement que vous disiez : « Je suis seule… je n’ai personne