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Penhoël, et chercher avec ardeur sur leurs petites harpes des accords nouveaux…

Pauvres filles ! Les provinces sont pleines d’aspirations pareilles, avec moins de candeur ignorante et quelques notions de plus sur les mystères de la vie parisienne.

Et les cent routes qui débouchent dans la ville immense amènent chaque jour bien des vierges, entraînées par l’ardent et vague espoir. Elles sont belles, jeunes ; l’avenir est vaste ; la vie sourit au-devant d’elles. Combien vont rester mortes sur le champ de bataille ! combien vont retourner sur leurs pas, brisées, avec la honte sur le front et dans le cœur !

Au village, les mères ont raison quand elles disent tremblantes et pâles :

« Paris est un monstre qui dévore les jeunes filles. »

Mais les mères parlent en vain, depuis que le monde est monde…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Cyprienne et Diane étaient entrées sans bruit dans la chambre de l’Ange ; elles venaient s’informer et savoir si l’accident du bal n’avait pas eu de suites.

Elles ne virent rien d’abord en dépassant le seuil, parce que la chambre était éclairée seulement par les reflets de l’illumination du de-