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gardaient jalousement au dedans d’elles-mêmes comme un trésor cher.

Elles n’avaient nul moyen de distinguer le vrai du faux. Aussi loin que pussent se porter leurs regards, nul point de comparaison n’existait autour d’elles.

La plus grande ville qu’il leur eût été donné de voir était Redon, cité de deux mille âmes.

Il fallait que leur imagination bondît par-dessus toutes choses connues, pour arriver à l’idée de Paris, et c’est justement dans ces conditions particulières que l’imagination enivrée s’exalte et peut élargir à l’infini l’horizon des rêves.

Paris était pour elles l’enfer et le paradis ; tous les miracles y devenaient possibles.

C’était le grand trésor du monde, où chacun venait puiser, à proportion de sa force, de son génie ou de sa beauté.

Ce qu’on demandait en échange à la beauté, au génie ou à la force, elles n’en savaient rien, elles n’avaient jamais songé à s’en instruire. Leurs yeux s’éblouissaient à contempler ce magique royaume de la gloire et de la richesse.

Bien souvent elles songeaient au bonheur de ceux qui pouvaient lutter et vaincre dans cette arène splendide. Là, on devenait riche,