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vie ; mais, sous leur beauté gracieuse, il y avait un courage viril.

Elles travaillaient, infatigables et alertes, à une tâche qui eût épouvanté des hommes forts.

Elles devinaient la haine qui s’envenimait autour d’elles ; les conseils ne leur avaient point manqué ; car une voix prophétique, en qui elles avaient confiance, leur avait souvent dit que la mort était au bout de ce combat désespéré.

La mort pour elles, si jeunes, si charmantes ! Pour elles, qui commençaient à aimer !…

Elles allaient foulant aux pieds toutes craintes.

Parfois, — quelle jeune fille n’a ses heures où le rêve chéri vient caresser l’âme et l’amollir ? — parfois Diane entrevoyait l’avenir bien heureux avec Étienne, Cyprienne avec Roger ; la faiblesse de la femme prenait le dessus durant un instant ; une larme glissait entre les cils baissés de leurs beaux yeux. Mais cela durait peu ; elles s’embrassaient silencieusement, et ce baiser voulait dire : « Pauvre sœur, tu es comme moi, tu l’aimes, et tu n’auras pas le temps d’être à lui. »

Vous les eussiez vues alors, muettes et pensives, les bras entrelacés, la tête inclinée…

Quand elles se redressaient, il y avait sur leurs fronts d’enfants une intrépidité calme et sereine. Elles s’étaient comprises ; il fallait combattre et combattre seules, car elles aimaient