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audacieux et forts des avantages déjà remportés.

De l’autre, le maître de Penhoël et Madame. Le maître n’avait jamais été un esprit bien robuste ; mais ces trois années pesaient sur lui comme un demi-siècle. Il n’était plus que l’ombre de lui-même. Le peu d’énergie qu’il avait autrefois s’était usée par le découragement et aussi par des habitudes d’ivresse, où il s’était jeté lâchement, comme en un refuge contre l’amertume de ses pensées. Marthe de Penhoël était, au contraire, un cœur haut et vaillant. Au premier moment, elle s’était placée de front entre le maître et ses ennemis ; mais, à un instant donné, un coup mystérieux avait soudainement brisé sa résistance. On eût dit que son courage était tombé devant quelque talisman irrésistible. Elle ne se défendait plus.

De sorte que les coups des ennemis ligués contre Penhoël tombaient sur un adversaire sans armes. La ruine avançait, avançait…

Il était même étrange que le combat pût durer encore, et la chute de la maison de Penhoël eût été consommée depuis longtemps si une main mystérieuse, inconnue également aux vainqueurs et aux vaincus, n’était venue retarder plus d’une fois le dénoûment fatal du drame.

Cyprienne et Diane s’évertuaient dans l’ombre. Elles étaient jeunes, isolées ; elles ignoraient la