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fond dans le cœur de tous ceux qui l’avaient connu !…

Avant d’être soldat, l’oncle Jean avait été un pauvre jeune gentilhomme, à peine plus riche que l’unique fermier de son père. Il ne savait pas grand’chose, et la seule éducation qu’il avait pu donner à ses filles se réduisait à ce double principe, règle fondamentale de sa propre vie : Adorez Dieu ; aimez Penhoël !

Cyprienne et Diane aimaient Penhoël comme elles adoraient Dieu. C’était un dévouement passionné, inaltérable, sans bornes, qui avait ses racines aux premiers jours de leur enfance et qui, à mesure que s’écoulaient les années, grandissait, loin de faiblir.

Tout ce qui portait le nom de Penhoël leur était cher et sacré. Elles respectaient le maître, tout en connaissant mieux que personne les misères de sa nature et les fautes de sa vie ; elles avaient pour Blanche une tendresse protectrice et comme maternelle. Quant à Madame, elles allaient bien au delà des prescriptions de leur père ; elles l’adoraient à l’égal de Dieu.

Madame semblait bien loin de répondre par une tendresse égale à l’amour expansif et à la fois respectueux que lui portaient Cyprienne et Diane. Elle était bonne et douce pour elles comme pour tout le monde : voilà tout. Et