Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.

En ce moment, l’évidence reprenait ses droits. Marthe de Penhoël venait de voir et de toucher, pour ainsi dire. Mais, au-devant de la vérité dure et implacable, se plaçait le tranquille visage de l’enfant ; ce front calme était comme le miroir sans tache où se reflétait une âme ignorante de tout mal.

La question qui se pressait depuis si longtemps sur la lèvre de Madame aurait mis fin sans doute à son incertitude, mais Madame ne trouvait point de paroles pour la formuler à son gré. La pudeur des mères est, entre toutes les pudeurs, la plus délicate et la plus timide. Et parfois, en interrogeant, on enseigne…

Marthe cherchait.

Les beaux yeux bleus de l’Ange disparaissaient presque sous ses paupières alourdies.

— Ne vas-tu pas retourner à la danse ?… demanda tout à coup Madame, qui affecta un redoublement de gaieté.

En même temps, elle ouvrit ses bras comme pour inviter Blanche à se lever.

La jeune fille s’appuya, plus paresseuse, contre le sein de sa mère.

— Je suis si lasse !… murmura-t-elle.

— Autrefois, quand il s’agissait d’un bal, tu avais beau être lasse, tu ne le disais pas !…

— J’étais une enfant !… répliqua Blanche.