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— Oh ! non…, dit l’Ange ; tu sais bien, mère, qu’on a élargi ma robe il y a quelques jours…

— Qu’importe ! si tu souffres.

— Ce n’est pas cela, ce n’est pas cela, répliqua la jeune fille, qui se révoltait naïvement contre l’évidence ; je grandis, bonne mère… mais en quatre jours ma taille n’a pas pu changer… N’as-tu point eu cette maladie quand tu étais jeune fille ?

La paupière de Madame se baissa ; elle ne répondit point.

— Mon Dieu ! reprit Blanche en appuyant ses deux mains contre sa poitrine oppressée, je crois que tu as raison, mère… mon corset m’étouffe !… Si cela continue, il faudra me faire faire des robes à cœur comme madame l’adjointe… Je suis bien malheureuse !

— Petite folle ! dit Madame, il faut bien souffrir un peu pour devenir une grande et belle demoiselle.

— Mes cousines Diane et Cyprienne sont grandes… elles sont bien jolies… et je ne les ai jamais vues souffrir ainsi…

— C’est que tu ne te souviens pas, ma pauvre Blanche !

La jeune fille poussa un soupir où son enfantine coquetterie avait plus de part que les élancements de son mal. Elle fit effort pour se soule-