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— Ce ne sera rien…, murmura Madame d’une voix qui voulait être gaie, mais où se devinaient les sanglots contenus ; où souffres-tu, ma pauvre enfant ?…

Blanche porta sa main à sa ceinture.

— J’étouffe !… dit-elle.

Sous le sourire forcé de Madame, il y eut un tressaillement d’angoisse.

Elle répéta pourtant d’un accent morne et brisé.

— Ce ne sera rien !…

Puis elle se tourna vers l’oncle Jean qui s’appuyait, immobile, au montant de la porte, et lui fit signe de se retirer.

Le vieillard sortit aussitôt sans mot dire. À travers la porte refermée, on entendit un instant le bruit de ses sabots dans le corridor.

Il allait d’un pas lent et la tête courbée. Quand il passait devant l’une des fenêtres, et que les lumières répandues dans le jardin arrivaient jusqu’à lui, on aurait pu le voir presser son front de ses deux mains tremblantes.

Blanche était seule avec sa mère. Ce n’était pas à cause de la présence de l’oncle que Madame se forçait à sourire, car son regard devint plus caressant encore.

— Soulève-toi un peu, murmura-t-elle ; ta robe est peut-être trop serrée.