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— Je revenais de la Gacilly, à cheval, répliqua le peintre, mon cœur battait et mon front brûlait… Mais je ne suis pas comme toi, Roger, et je n’aurais jamais ouvert la porte de la chambre des filles de Jean de Penhoël… J’enfonçai les éperons dans le ventre de mon cheval, qui m’emporta au travers des taillis…

— Oh !… fit Roger ; tu n’aimes pas ! tu n’aimes pas !

— Si Diane de Penhoël n’est pas ma femme, répliqua le peintre, je ne me marierai jamais… Il ne m’arrivait pas souvent autrefois de songer à l’avenir…, maintenant j’y pense toujours, parce que l’avenir, c’est elle… Tu es rassuré quand tu les vois sourire, Roger ; moi, si un doute pouvait me venir, il me viendrait en ces moments… Mais que de fois, parmi la joie feinte, que de fois j’ai surpris des larmes dans les yeux de Diane !… C’est un cœur vaillant et fort contre la souffrance !… Sous cette frêle beauté de jeune fille, j’ai deviné le courage d’un homme… Ces larmes furtives qui me serrent le cœur, je les bénis et je les admire… Oh ! que Diane garde son secret !… Au fond d’une âme comme la sienne, il ne peut y avoir que de nobles élans et de saintes pensées !…

La tête de Roger ne se relevait point. Il gardait le silence.