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la journée, cette douleur pleine d’étonnement et d’effroi qui prend les enfants au premier aspect de la mort.

À son âge et quand on n’a pas vu encore s’en aller pour jamais une personne chère, on ne croit pas tout de suite à l’éternelle séparation. L’esprit repousse longtemps l’idée de la mort, et de vagues espoirs s’obstinent au fond du cœur.

Blanche avait pensé plus d’une fois dans la journée que tout cela était un songe funeste. Dès que ses paupières se fermaient, fatiguées de larmes, elle croyait voir les douces figures de ses cousines sourire à son chevet.

Est-ce qu’on meurt ainsi toute jeune et toute belle ? Est-ce que la tombe peut s’ouvrir au seuil de la salle de bal ?

Les yeux de l’Ange étaient rouges et humides encore. Le sommeil l’avait surprise, sans doute, au milieu d’une prière, car ses mains restaient jointes sous sa couverture. Elle était beaucoup plus changée que le soir de la Saint-Louis. La maladie ne pouvait point lui enlever son exquise beauté, mais son visage portait les traces de la souffrance physique et de l’affaiblissement.

Il n’en fallait pas tant d’ordinaire pour que l’œil de Madame, attentif et inquiet, ne quittât pas un seul instant les traits de sa fille chérie. Mais aujourd’hui, Marthe de Penhoël tenait ses