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devant ce deuil qui s’était glissé tout à coup parmi la joie promise.

Que faire en une maison mortuaire ? Les hôtes de Penhoël étaient tous partis jusqu’au dernier. À présent, au lieu des gaies rumeurs du bal, on avait le silence morne ; au lieu de cette foule remuante et rieuse qui animait les verts bosquets du jardin, la solitude ; au lieu des illuminations prodiguées, les ténèbres épaisses et muettes.

On eût dit une maison abandonnée. Sur toute la façade du manoir on ne voyait que deux lueurs faibles et perçant à peine la soie des tentures ; une de ces lumières brûlait chez René de Penhoël, l’autre éclairait la chambre de l’Ange.

Madame était assise au chevet de sa fille, dont les yeux alourdis par les larmes venaient de se fermer depuis quelques minutes. Blanche dormait d’un sommeil inquiet et plein de tressaillements. La douleur qui l’avait navrée durant tout le jour revenait sans doute en ses rêves, car la pauvre enfant se plaignait et gémissait dans son sommeil.

Blanche avait bien pleuré ; Cyprienne et Diane n’étaient plus là, ses deux cousines qu’elle aimait tant ! La veille encore, elle enviait leur sourire, et maintenant on les avait mises en terre. La pauvre Blanche avait subi, durant toute