Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/243

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les chants faisaient trêve. Les paysans, muets et le rosaire à la main, se rangeaient autour des deux fosses ouvertes.

Bibandier était à son poste de fossoyeur.

Au moment où il étendait la main pour mettre le premier cercueil en terre, un bras se posa au-devant de lui et le fit reculer.

En même temps une clameur sourde, mêlée de surprise et d’épouvante, courut dans le cercle des bonnes gens.

Entre le fossoyeur et les deux bières, une sorte de fantôme, que sa maigreur faisait paraître d’une taille démesurée, venait de se dresser, sortant on ne sait d’où.

Il était là si hâve et si décharné, que tous, en ce premier moment, crurent que la terre s’était ouverte pour lui livrer passage.

Puis un nom domina les murmures de la foule.

— Benoît Haligan ! disait-on, Benoît le sorcier !

Le voir en ce lieu était aussi étrange assurément que de voir un vrai spectre percer la terre.

Comment avait-il quitté le grabat où sa longue agonie le clouait depuis des mois entiers ? Quelle force mystérieuse l’avait aidé à monter la colline ?…