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Ils étaient là, remplaçant la famille ; les paysans pouvaient voir sur leurs physionomies, composées habilement, une tristesse recueillie et calme.

Les soupçons tombaient ; d’ailleurs, parmi les paysans, ceux qui ne récitaient point la prière funèbre étaient occupés tout entiers à parler de la catastrophe et des pauvres enfants qu’on avaient vues, l’avant-veille encore, si jeunes et si belles, ouvrir le bal de la Saint-Louis.

Hommes et femmes chuchotaient à la porte de l’église et, comme c’est l’habitude des bonnes gens de Bretagne, chacun cherchait dans ses souvenirs un présage à cette mort funeste.

— Le vieux Benoît l’avait bien dit !… murmurait-on, personne ne voulait le croire, quand il répétait que les filles de Penhoël seraient trois belles-de-nuit avant le jour de sa mort… En voici deux déjà !…

— Et la petite demoiselle Blanche est bien malade !

— Elles reviendront, les chères filles !… reprenait une ménagère en égrenant son chapelet.

Une voix effrayée s’éleva au milieu du groupe et dit :

— Elles sont déjà revenues !

Chacun tressaillit et se rapprocha.