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la fin du bal, ils avaient descendu l’escalier du manoir, afin de prendre la route de Redon. Roger faisait la conduite à son ami.

En passant sous la fenêtre des deux jeunes filles, Étienne s’arrêta, et Roger appela Cyprienne et Diane par leurs noms à plusieurs reprises.

Point de réponse.

— Elles dorment… dit Étienne qui jeta sur son épaule son petit paquet de voyage et partit enfin à grands pas.

La route fut silencieuse entre les deux jeunes gens. À Redon, au moment de monter en voiture, Étienne dit à Roger en lui serrant une dernière fois la main :

— Écoute… ce Robert te déteste presque autant que moi… et Penhoël n’est plus le maître… Si tu étais forcé de quitter le manoir, quelque jour, souviens-toi que je suis ton frère et que ma demeure, si petite et si pauvre qu’elle soit, sera toujours assez grande pour nous abriter tous deux.

La voiture partit pour Rennes, et Roger resta seul.

Les dernières paroles de son ami soulevaient en lui de vagues craintes, mais il était bien loin de penser, cependant, qu’il dût être réduit jamais à profiter de l’hospitalité offerte.

Comme il entrait à l’auberge du père Géraud