Page:Féval - Les Belles-de-nuit ou les Anges de la famille, tome 2, 1850.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.

moment de la séparation, je serais faible peut-être… Quand tu la verras, Roger, tu lui diras que je l’aimais… que je n’aimerai jamais une autre femme en ma vie… et qu’au prix de tout mon bonheur, je la voudrais voir heureuse…

Sa voix tremblait. Il y avait dans son accent une sensibilité profonde qui faisait contraste avec ses habitudes d’insouciance et la gaieté leste de sa philosophie parisienne.

Roger lui serra la main.

— Je lui dirai que tu es le plus loyal garçon qui soit au monde !… répondit-il. Je lui dirai que tu as la fortune peut-être au bout de tes pinceaux… et que, si Dieu bénit ton travail, tu reviendras en Bretagne afin de la prendre pour femme.

Les yeux d’Étienne étaient humides.

— Merci ! murmura-t-il.

— Nous sommes jeunes !… reprit Roger avec un sourire ému, et Dieu est bon… peut-être que nous serons heureux tous ensemble quelque jour !…

Pendant qu’ils causaient ainsi, Pontalès, Robert et l’homme de loi parcouraient le bal, et soutenaient leur rôle de gaieté forcée. Blaise servait des rafraîchissements, afin de faire acte de présence.