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couée, et comme, en définitive, aucun des quatre complices ne se repentait véritablement, ils n’eurent pas grand’peine à rappeler sur leurs visages le calme souriant qui convenait à ce jour de fête.

Ils se séparèrent, afin de rentrer dans le bal par différents côtés.

La danse s’était ranimée au salon de verdure. Jeunes gens et jeunes filles prenaient leur revanche. On se dédommageait de la longue heure d’ennui qu’on avait éprouvée à entendre les gémissements des trois Grâces Baboin-des-Roseaux-de-l’Étang. Au moment de finir, le bal retrouve presque toujours ainsi une gaieté plus vive. À la ville, l’orchestre redouble de verve et d’entrain ; à la campagne, les danseurs cabriolent, battent des mains et crient ; à la Courtille, vers cette heure consacrée, où l’allégresse atteint son plus chaud paroxysme, on brise les verres, on se poche les yeux et on marche sur la tête…

Les musiciens de Glénac jouaient comme des possédés. Ils avaient entonné cette gigue interminable, connue sous le nom de bal breton, et qui peut dérouler jusqu’à cent cinquante figures diverses, suivant la renommée. Danseurs et danseuses, enlevés par les cahots de cette musique nationale, bondissaient avec enthousiasme. On se mêlait, on se choquait, on tombait sur le