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Cyprienne et Diane avaient déjà rôdé bien souvent autour de sa maison, mais la vigilance rusée de l’homme de loi avait trompé jusqu’alors toutes leurs tentatives. Aujourd’hui, elles avaient deux chances nouvelles pour arriver à leur but : d’abord elles savaient où trouver les papiers, ensuite le domestique de maître le Hivain qui, d’ordinaire, faisait bonne garde, était en ce moment à fêter la Saint-Louis de l’autre côté de l’eau, dans l’aire du fermier de Penhoël.

En donnant cette vacance à son domestique, maître le Hivain avait compté sur l’effet du coup de fusil tiré la veille au bord de la lande, et aussi sur le bal qui devait assurément retenir au manoir les deux filles de l’oncle Jean.

Il n’y avait pour défendre sa maison, ce soir-là, qu’une servante septuagénaire, assistée par un chien de garde accablé de vieillesse.

La bonne femme et le chien dormaient sans doute d’un profond sommeil, sur la foi des gros verrous qui fermaient toutes les ouvertures, car les deux sœurs purent escalader les murailles du jardin sans éveiller le moindre mouvement dans la maison.

Du côté du jardin, les fenêtres n’avaient point de contrevents. En un clin d’œil, à l’aide d’une échelle que leurs jolies mains eurent bien de la peine à dresser contre le mur de la maison,